L'alimentation de l'enfant pose
bien souvent des problèmes aux familles qui ont à lutter contre des idées
reçues et des fausses vérités. La diététique infantile est simple si l'on
retient deux notions fondamentales qui sont:
le besoin minimum qui correspond à la plus faible quantité d'un
nutriment permettant une croissance et un état de santé normaux,
la diététique de l'enfant doit, à long terme, orienter vers une
hygiène alimentaire, afin de prévenir certaines maladies de l'âge
adulte (obésité, athérosclérose, hypertension artérielle).
L'étude des besoins et des habitudes alimentaires des enfants peut être
divisée en trois périodes:
-l'alimentation exclusivement lactée jusqu'à 4 mois
-la diversification de l'alimentation à partir de 4 mois
-l'alimentation au-delà de 1 an
L'ALIMENTATION LACTEE EXCLUSIVE DU PREMIER TRIMESTRE
De cette période, il faut retenir:
la croissance rapide, puisque la prise de poids est en moyenne de
25 à 30 g par jour pendant les deux premiers mois et la croissance
staturale est de 5 à 6 cm en deux mois,
I'immaturité de certaines fonctions digestives et la pauvreté des
réserves de l'organisme. L'équipement enzymatique des cellules
digestives ne permet pas l'absorption optimum des composants
alimentaires, comme aux adultes.
Il faut donc, pour satisfaire cette croissance tout en respectant
l'immaturité de certaines voies métaboliques, un aliment de choix qui est
le lait. Le lait de femme étant l'idéal.
1. L'allaitement maternel a ses avantages
La supériorité du lait de femme sur le lait de vache tient à 4 qualités
majeures:
_ sa composition chimique,
_ l'adaptation de la composition au cours de la tétée,
_ la protection contre l'infection,
_ les liens affectifs plus faciles entre la mère et son nouveau-né.
a) Sa composition chimique
Les différences avec le lait de vache portent sur les trois nutriments
majeurs. Il y a 3 fois plus de protéines dans le lait de vache qui a
surtout des bêtalactoglobulines , molécule allergisante.La concentration
de lipides est identique mais leur qualité est meilleure dans le lait de
femme. Enfin, le lait de femme est plus riche en glucides et surtout en
lactose.
b) L'adaptation de la composition du lait de femme au cours de la tétée
Il y a des variations de la composition chimique du lait au cours de la
période d'allaitement et au cours de la tétée elle-même.
Au cours de la période d'allaitement: les premiers jours, il s'agit du colostrum
, sécrétion jaune et épaisse, qui est très riche en protides et
immunoglobulines dont le rôle anti-infectieux est d'un grand intérêt.
Au cours de la tétée elle-même, la concentration en lipides varie puisque
le taux peut être multiplié par 6 en fin de tétée.
c) Le pouvoir de protection anti-infectieuse
Plusieurs mécanismes contribuent à cette protection. Des cellules comme
les leucocytes (surtout dans le colostrum) et les lymphocytes. Ces
cellules agissent soit en ayant une action destructrice sur les germes,
soit en sécrétant de multiples substances: immunoglobulines et lysozyme
surtout.
d) Les avantages psychologiques De l'allaitement
maternel
Ils sont loin d'être négligeables et un simple chapitre n'y suffit pas.
Il faut cependant insister sur deux éléments essentiels pour la réussite
de cet allaitement. La mère qui allaite doit le faire en toute liberté de
décision, non contrainte par son entourage ou par le médecin. La mère qui
allaite peut et doit mener une vie normale.
e) L 'allaitement maternel a quelquefois des inconvénients
Certains médicaments ou toxiques (tabac, alcool, café) passent
dans le lait maternel et peuvent contre-indiquer l'allaitement.
L'allaitement doit aussi être arrêté lorsqu'il y a une infection locale:
lymphangite ou abcès du sein,et plus généralement lors de tout épisode de
fièvre chez la mère.
Une fois l'allaitement maternel décidé, il se déroule en général sans
problème si on lutte envers des contre-vérités très répandues. L'enfant
doit être mis au sein dès les premières heures, à la demande (5, 6, 7
fois par jour), en proposant les deux seins à chaque tétée, en ne
limitant en rien sa ration (certains tètent 5 minutes, d'autres 20
minutes), il est inutile de peser l'enfant à chaque tétée.
Il peut être poursuivi jusqu'à 6 mois et au-delà. L'allaitement maternel
ne doit pas être un règlement administratif ou militaire, il doit être
souple et non abrupt. Le sevrage, lui, se fera progressivement, sur
plusieurs semaines.
2. L'allaitement artificiel
Les laits industriels en poudre sont tous dérivés du lait de vache et
tous les travaux ont pour but de rapprocher la composition de ces laits
de celle du laitde femme.
Les aliments lactés diététiques pour nourrissons sont séparés en 4 grands
groupes:
a) Les laits du 1er âge
dits maternisés qui sont souvent responsables de petits troubles
digestifs sont les moins nombreux:Nursie, Nativa 1, Lacmil, Enfalac,
Aptamil, Nidina 1, SMA1.
b) Les laits du 1er âge
non maternisés,dits adaptés, les plus nombreux Galliasec, Galliéva 1,
Guigoz 1, Aima 1, Enfamil, Milumel, Nidal, Nutricia, Sophimil, Modilac,
Alétina.
c) Les laits 2e âge,
conseillés jusqu'à l'âge de un an sont enrichis en fer et encalcium.
Tous les laits adaptés ou maternisés ont leur équivalent pour le 2e âge.
d) Enfin, le quatrième
groupe de laits est représenté par les laits dits hypoallergéniques, récemment
commercialisés.Ils ont pour but de diminuer le risqued'allergie au lait
de vache. Ils sont en général conseillés pour le complément de
l'allaitement maternel: Galliéva 100,Guigoz HA, Aima H. Nidal HA, Aptamil
HA.
La conduite de l'allaitement artificiel doit se faire en respectant des
mesures d'hygiène et de reconstitution:
La stérilisation des biberons peut se faire à la chaleur, soit avec des
solutions antiseptiques (Milton* ou Solustéril*).
Tous les laits sont reconstitués ainsi:30 ml d'eau dans lequel on dilue
une mesurette de poudre. Actuellement, de nombreux laits sont aussi
vendus liquides.
Les quantités de lait par biberon, la fréquence et les horaires des
biberons doivent suivre les mêmes recommandations que pour l'allaitement
maternel: alimentation à la demande. Là encore, des "on dit" à
combattre: ne jamais forcer un enfant à finir le biberon, certains
enfants attendent 3 heures entre deux biberons, d'autres 4 heures, un
enfant qui a faim la nuit ne réclame pas de l'eau sucrée mais du lait !
Le lait qu'il soit de femme ou de vache est l'alimentation exclusive
jusqu'à 4mois. Il faut cependant ne pas oublier la vitamine D et le Fluor
(Stérogyl,Uvesterol) qui sont en quantité insuffisante.
La vitamine D est systématiquement prescrite à la dose de 1 000 U1 par
jour jusqu'à 18 mois, Plutôt qu'à desdoses de charge tous les trimestres.
Le Fluor, qui diminue la fréquence des caries dentaires, sera donné en
fonction du taux de Fluor des eaux potables. Si ce taux est inférieur à 1
mg/litre l'administration quotidienne de Fluor est recommandée jusqu'à
4-5 ans.
L'ALIMENTATION DE 4 MOIS A 1 AN
Cette alimentation est caractérisée par la diversification alimentaire
correspondant à une phase de transition à la fois psychologique et physiologique
entre une alimentation exclusivement lactée et une alimentation omnivore
et variée.
Le lait reste évidemment la base de l'alimentation des nourrissons. Les
biberons de lait doivent être faits jusqu'à 10 mois environ avec des
laits dit de "suite".
Pour la préparation de soupe ou de purée, le mieux est d'utiliser les
laits longue conservation (UHT) car ils sont faciles d'emploi.
A côté du lait pur, vont être introduits progressivement les dérivés du
lait riches en calcium. Cela permet aussi d'introduire une autre
modification: la petite cuillère. Ils seront proposés vers 5 mois, comme
dessert sous forme de yaourts non sucrés, de fromages frais (petits
suisses) ou de fromage fermentés, très riches en protéines et encalcium,
vers 8 mois.
Aux produits laitiers vont s'ajouter progressivement les farines, les
légumes, les fruits et les produits d'origine animale.
a) La farine est souvent
l'aliment, non laitier, introduit le premier. Les farines de céréales
sont riches en amidon, substance de réserve glucidique, mais aussi en
gluten, substance très allergisante entraînant quelquefois des
intolérances définitives. Sur le marché, il existe des farines sans
gluten qui doivent être proposés exclusivement jusqu'à 6 mois.
Il existe deux grandes catégories de farine: les farines instantanées qui
sont très commodes d'emploi: on en ajoute une à deux cuillères à café
dans un biberon à partir de 3-4 mois. Les farines à cuire sont souvent
réservées pour les bouillies épaisses des enfants de 8-9 mois.
b) Les légumes et fruits
sont riches en sels minéraux, en vitamines, en glucides, et en cellulose
dont le rôle est mécanique. Ils sont introduits vers 4-5 mois,sous quelle
forme: légumes ou petits pots ?
La réponse est d'ordre socio-éducative, elle dépend des habitudes et
traditions familiales et du temps dont dispose la mère. Les petits pots
sont commodes d'emploi, présentent des garanties quant à leur teneur en
nitrates, en sel, ils sont fluides, facilement mélangeables au lait,
conservent mieux la Vitamine C des fruits et sont soumis à une
législation très précise.
Au début, les cuillères à café de légumes sont mises dans un biberon de
lait en augmentant progressivement le nombre de cuillères. Il est
conseillé au début de réserver l'usage de la petite cuillère aux fruits
car elle est mieux acceptée.
c) La viande, le poisson,
les oeufs, apportent des protéines animales de haute valeur biologique et
riches en fer,en vitamines D et B. Ils sont proposés dans un biberon
quotidien à partir de 5 mois: 10 g de viande (deux cuillères à café) par
jour. Là aussi, les petits pots sont très commodes.
Toutes les viandes peuvent être données qu'elles soient rouges ou
blanches ainsi que les poissons qui, eux, sont: moins riches en graisse.
L'oeuf est très riche en protéines, que ce soit le blanc ou le jaune.
Cependant, le blanc d'oeuf est une substance très allergisante que l'on
n'introduit que vers 9-10mois. Un demi jaune équivaut à 10 g de viande ou
poisson.
Insistons encore, avant de clore ce chapitre, sur le lait et les produits
laitiers qui sont l'alimentation prioritaire de l'enfant. La quantité
minimum nedoit pas être en-dessous de 550 à 600 ml.
L'ALIMENTATION AU-DELA D'UN AN
A partir d'un an, l'alimentation va être calquée progressivement sur
celle de l'adulte et l'enfant va s'adapter aux habitudes alimentaires de
sa famille. Il en a les moyens anatomiques (il a des dents) et
physiologiques (les enzymes digestifs sont au complet).
Les besoins, à cet âge, sont encore plus variables que pendant les mois
précédents. L'appétit de l'enfant joue un rôle important.
En fait, à cette période, les conseils nutritionnels se bornent souvent à
lutter contre des préjugés dont nous citerons les plus fréquents. Dans
les pays industrialisés, il n'y a pas de sous alimentation, les enfants
sont, au contraire, bien souvent sur-alimentés.
Actuellement, les habitudes alimentaires sont responsables d'un
déséquilibre d'apport avec excès de sucre, de lipides et souvent de sel.
A cet âge, les conseils nutritionnels ne sont qu'un moyen d'arriver aux
conseils éducatifs qui sont quelquefois plus importants. Le repas est le
moment privilégié de la journée ou les échanges entre l'enfant et sa
famille sont le plus bénéfiques.
Que serait un repas, même très bien équilibré caloriquement, s'il se
faisait sans communication !
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